" MARIE BATAILLE auteur littérature jeunesse, livres pour enfants, presse, roman feuilleton: octobre 2013

ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 38

Semaine 38

La bombe explosa à 14h 17 à l'hôtel Majestic India Palace de Bombay,
ravageant les marbres et les marquéteries, disséquant le mobilier et soufflant les verrières du gigantesque hall. Chloé n'était plus en Inde. Elle avait quitté l'hôtel Majestic Kerala du lac Pichola la veille, pour rejoindre Athènes.
A 14h 17, Andy aurait dû se trouver dans la salle des congrès épargnée par la terrible déflagration qui avait secoué les deux premiers étages, mais il avait réussi à expédier la réunion du conseil d'administration, et aussitôt, il avait décidé de filer à l'aéroport. Il avait une envie folle de retrouver Chloé et de rester quelques jours heureux et tranquille auprès d'elle, avant le mariage. Il était passé par ses appartements pour prendre un nécessaire de voyage, toujours prêt dans un sac Vuitton, rangé sur une étagère du dressing. Il n'avait pas traîné, il se sentait léger, prêt à refaire sa vie avec unefemme plus jeune qui l'électrisait et lui avait ôté d'un coup quelques kilos et une dizaine d'années. Elle l'avait rajeuni, l'avait fait vivre autrement, manger autrement, boire autrement, il avait remis les pieds dans la salle de gym tous les matins, il s'habillait autrement, il se sentait prêt à bouffer le monde et les actionnaires se frottaient les mains. Il sortait de l'ascenseur quand un sifflement aigu lancé comme
une pluie d'aiguilles lui perça les tympans. Un souffle puissant et brûlant le foudroya en même temps et un morceau de table déchiquetée le frappa en pleine tête, lui scalpant une partie du crane. Il fut tué sur le coup.

La nouvelle tomba sur toutes les agences d'informations et les réseaux sociaux, cinq minutes plus tard. Mais c'est un coup de téléphone de leur secrétaire particulier qui informa Chloé qu'Andy était mort. Avant il avait téléphoné à la gouvernante qui
s'était précipité auprès de Chloé annonçant les larmes aux yeux une atroce nouvelle. A cette seconde, Chloé était restée pétrifiée à regarder danser la mer devant elle. A l'autre bout du monde, Jo Spencer, le secrétaire, racontait l'attentat, insistait sur le fait qu'Andy n'aurait jamais dû se trouver là, demandait à tout bout de champ si elle l'entendait et bégayait des inepties. La gouvernante était assise par terre aux pieds
de Chloé et levait vers elle des yeux inquiets tout en tenant les chevilles de sa jeune patronne comme si elle avait peur qu'elle saute ou s'envole par dessus le parapet de la terrasse. Chloé finit par dire quelque chose. Elle répéta plusieurs fois le prénom de son mari. "Andy, Andy, Andy" disait-elle d'une voix désolée. Et puis elle pensa que le
bonheur s'était toujours défait à un moment ou à un autre de sa vie, comme un lacet de chaussure qui lâche quand on se met à courir. Voilà, elle se cassait encore une fois la figure. Elle aussi était en sang même si son visage était livide. Sans le savoir, Andy la tenait par la main en sortant de cet ascenseur et elle venait de se disloquer avec lui dans le néant. Elle n'existait plus. Elle finit quand même par dire froidement à Jo :
"S'il vous plait, Jo, prévenez ma famille. Je n'en ai absolument pas la force. Je suis anéantie. Je ne sais pas quoi faire. Revenir à Bombay, rester ici, partir à Paris, je ne sais pas , Jo, je vous rappelle dans la soirée. "
La gouvernante secouait machinalement latête comme pour approuver tout ce que disait Chloé. Elle avait l'air d'un automate mais Chloé se dit que dans cette tourmente qui détruisait sa vie, Dieu merci, c'était elle qui était là et pas sa mère. Alors Chloé, enfin se laissa envahir par la déception, le chagrin, la perte, l'abandon et serra si fort la tête de sa gouvernante anglaise et la tintainsi tant de secondes que Melle Johanson manqua de s'étouffer.

Dans la soirée Melle Johanson rappela Jo. Chloé repartait pour Bombay, le plus tôt possible pour assister aux funérailles d'Andy. Chloé lut et relut le texto de sa mère qui n'avait pas appelé : " Ton chagrin est mon chagrin, ta douleur est ma douleur, tu es ma fille, je suis ta mère et je pleure quand tu pleures. Crois moi pour une fois." Elle avait parlé àGuillaume. C'est lui qui lui avait conseillé de regagner Bombay. Il allait s'y rendre aussi et la retrouverait là bas. Et puis il y avait euun coup de téléphone de son père.
La Luppa avait juste dit deux fois :
"Ma chérie" et elle l'avait entendu pleurer comme un enfant. Ce jour là, ce jour terrible, elle pensa qu'elle aimait son père bien plus que sa mère mais elle accepta l'idée qu'elle ressemblait beaucoup à Mameth. Et que ça ne servait à rien de s'en défendre. Andy était mort. Maintenant elle était seule au monde même si elle portait son enfant. Et c'est même à cause de ça qu'elle était encore plus seule au monde.



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ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 37


Semaine 37

J'étais allongé sur la large balustrade en bois du balcon de la maison d'Onaké quand je vis arriver, accompagné par le vieux moine Kitashiba, Guillaume, le fils de Mameth. Il était pâle et avait les traits tirés. Le voyage l'avait fatigué et sans doute aussi tout ce tralala l'effrayait un peu. Que voulait exactement La Salles ? Quel était le rôle d'Onaké Kikoni dans cette affaire? Pourquoi avait on pensé à lui? Il était presque mal à l'aise de découvrir l'endroit où se cachait la pianiste virtuose. Il se souvenait lui avoir servi d'interprète peu avant sa retraite, il se souvenait de ses tremblements iréprécibles qui l'empêchaient de jouer. Quand il avait lu dans les journaux sa subite disparition, il n'avait pas été surpris. Mais il s'était tu, bien évidemment. Il n'avait jamais formulé le moindre commentaire et lorsqu'il avait ensuite rencontré La Salles à Pleyel, pour servir d'interprète, il n'avait posé aucune question. Dans le monde du show-biz, il était apprécié pour sa discrétion. Quand Guillaume franchit les trois petites marches qui menait au balcon et à la porte d'entrée du pavillon en bois, il m'aperçut et s'étonna :
- Ben, ça alors c'est dingue ce que tu ressembles à Lucien,toi !
- A Lucien ? Lui s'appelle Petit Tigre! S'exclama en français Onaké qui venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte.
La conversation se poursuivit en anglais. Guillaume expliqua qui était Lucien. Il n'y avait que moi qui savait que Lucien, Petit Tigre, Le Chat et les autres c'était le même. C'était moi.

Onaké s'inquiéta de l'état de fatigue de Guillaume et lui proposa de prendre une douche et de dormir s'il en ressentait le besoin. Guillaume se contenta de demander du thé bien chaud. Le moine Kitashiba partit le préparer et  sortit quelques plantes rares de sa poche qu'il mélangea au thé vert.
Onaké rentra vite dans le vif du sujet. La Salles n'en n'avait plus pour très longtemps. Le cancer se généralisait mais les moines le soignaient du mieux qu'ils pouvaient et leurs décoctions additionnées aux médicaments des médecins français rallongeaient un peu son espérance de vie. Onaké prévint Guillaume que La Salles avait beaucoup changé et qu'il ressemblait à un squelette habillé tellement il était amaigri. Elle ne voulait pas en dire plus, le reste devait être dit par La Salles. Maintenant La Salles ne venait plus rendre visite à Onaké. Se faire porter par le jeune Gio était un supplice car il avait mal partout. Il ne bougeait plus beaucoup de son lit ou de sa chaise longue. Quand Guillaume eut vidé trois bol de thé, Onaké proposa de se rendre au monastère.
                  
                         La chambre de La Salles était une cellule de moine spacieuse, bien éclairé par une large fenêtre qui donnait sur les alignements rectilignes du potager. François La Salles n'aurait jamais imaginé que les dernières images de sa vie eut un tel décor. Maintenant que ses pensées s'embrumaient souvent, quand il voyait le jeune moine Gio, grand et costaud, il était rassuré et heureux comme lorsqu'il retrouvait Marco, dans un café de Venise, derrière Académia. Gio c'était Marco. Marco était là, avec lui, dans ce potager, tous les jours qui lui restaient à vivre. Guillaume eut du mal à reconnaitre La Salles. Il portait toujours ses grosses lunettes d'écaille noire devenues, à cause de la maigreur du visage, complètement extravagantes et démesurées. 

François La Salles parla le premier en levant le bras pour serrer la main :
- D'abord un grand merci, Mr La Luppa de vous être déplacé et de bien vouloir céder à mes dernières volontés. Je ne veux pas laisser Onaké régler toutes ces choses, seules. Alors voilà, à ma mort je souhaite donc que mes cendres soient déposées au cimetière San Miguele de Venise dans le caveau de mon cher Marco Agnelli. Toute la procédure est réglée depuis longtemps à ce sujet. Je souhaite que vous soyez le convoyeur, en quelque sorte, et je souhaite que vous assistiez au travail des pompes funèbres...Que mes cendres soient bien déposées dans le caveau et que l'urne y soit scellée. Ensuite j'aimerais que chaque 11 Avril vous veillez à ce qu'un bouquet de fleurs y soit déposé. Vous vous dites que je suis un pauvre type bien capricieux mais l'amour de Marco a été toute ma vie. Rien n'avait bien commencé pour moi, vous savez, bien qu'étant né dans une famille aisée. Rien. J'ai été un fils peu aimé. Un enfant unique et seul que personne n'avait souhaité. Je n'ai réussi à plaire à aucun de mes parents. Je me suis dis que ma vie allait être exécrable... Et un jour il y a eu Marco. Pouvez vous me garantir que tant que vous serez vivant vous accomplirez ce que je viens de vous demander....Bien entendu tout sera à ma charge et un notaire s'occupera de vous rétribuer. Il vous suffit finalement de simplement cocher sur un calendrier la date du 11Avril !
François La Salles me sourit. Je ne comprenais pas pourquoi La Salles n'avait justement pas demandé à un notaire de se charger de ces formalités. Pourquoi avait-il besoin de moi? Pourquoi moi, précisément ? Je crus le deviner quand soudain je vis Onaké Kikoni assise près de la fenêtre. Elle portait un chemisier de soie blanc et un jean usé, ses cheveux étaient retenus à la nuque par une grosse barrette en bambou qui dessinait un huit. Une frange bombée retombait sur ses sourcils droits; Elle était magnifique. Elle regardait dehors comme si nous n'existions pas. Et puis elle se tourna vers moi. Je reçus une décharge électrique. La Salles m'avait fait venir pour elle. Pour que je sache qu'elle m'attendait depuis longtemps, sans rien savoir.



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ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 36


Semaine 36

Chloé referma la lettre que lui avait envoyée son père et qui répondait à la sienne. Il avait l'air de bien se porter. Elle le verrait bientôt mais elle avait voulu ne pas attendre pour lui annoncer la nouvelle.
Elle avait voulu qu'il soit le premier à savoir. C'est pour ça qu'elle lui avait écrit, il y a une quinzaine de jours. Personne ne saurait avant plusieurs semaines ce qu'elle lui avait confié.

La gouvernante s'occupait des malles qui devaient contenir les différentes tenues des mariés. Elles seraient expédiées le lendemain en Grèce. Chloé avait essayé une dernière fois sa robe de mariée. Un modèleunique dessiné par un jeune couturier indien, coupé dans un tissu de brocard ivoire et blanc. Chloé portait la robe à ravir. Pas de voile, seulement quelques fleurs de jasmin éparpillée dans sa longue chevelure
rousse et bouclée. Un côté Sissi Impératrice qui plaisait tant à sa mère. Mameth serait bien obligée de se rendre compte à quel point sa fille était canon. Peut-être qu'à cette occasion elle parviendrait à le lui dire. A lui dire: "Ma fille tu es la plus belle des filles" La Luppa, son père, ne dirait rien de ce genre, mais elle le lisait dans ses yeux chaque fois qu'elle le voyait. Il la regardait toujours comme la huitième merveille du monde. La gouvernante n'avait plus de questions à lui poser et Chloé la laissa seule boucler les malles.
Le soir tombait. Au pied de l'hôtel, les eaux du lac Pichola commençaient à
rougeoyer. Le soleil orange s'y diluait comme une pastille effervescente. L'air était tiède. Elle jeta le pashmina de soie qu' Indi lui avait offert le lendemain de leur rencontre et qu'elle emportait partout avec elle. Elle quitta les pièces privées de l'hôtel et après avoir parcouru un labyrinthe de couloirs, arriva dans le hall
gigantesque de l'hôtel. Beaucoup de touristes se prélassaient dans les fauteuils. Les femmes étaient élégantes et malgré le monde, l'ambiance restait calme et feutrée. Chloé sortit sur la promenade qui dominait la pelouse et les jardins, descendit l'escalier royal, traversa la pelouse et rejoignit un chemin qui traversait le parc au milieu d'une plantation d'eucalyptus géants jusqu'aux rives du lac Pichola. Le shikara de l'hôtel attendait avec son batelier en livrée blanche et or. Le jeune homme s'inclina profondément devant Chloé qui lui demanda en anglais de lui faire faire un tour du lac en suivant le côté ouest qui abritait les plus hôtels du nord de l'Inde. Chloé s'assit sur les coussins confortables de la petite embarcation, sous le dé de brocard blanc et or assorti au costume du jeune batelier.
Elle se laissa promener, comme lorsqu'elle était enfant dans sa poussette et regarda
défiler le paysage grandiose. Son enfant allait naître dans la soie et l'opulence. Mais surtout il allait naître dans l'amour. C'est ça qu'elle avait écrit à son père. Qu'elle portait un enfant. Un enfant de l'amour, un enfant qu'elle désirait de tout son être.
Un chat sortit alors de sous le siège qui lui faisait face. Il lui fit presque peur quand il se déplia tellement il était haut sur pattes. Sa tête était celle d'un félin presque sauvage. Le batelier sourit. Ronrono regarda Chloé de ses yeux perçants et s'assit sur le siège vide. Chloé pensa au sale coup qu'elle avait fait à sa mère : le chat pour son anniversaire.
L'eau du lac s'assombrit soudain. Chloé avait souvent besoin d'humilier Mameth, de la contrarier, de la décevoir. Il fallait que Mameth paie.
Mais qu'elle paie quoi au juste? Chloé avait neuf mois pour y réfléchir.
Neuf mois pour que l'enfant à naître soit le bienvenu sur cette terre.


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ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 35


Semaine 35

La Luppa était revenu au figuratif. Les moines avaient mis à sa disposition deux cellules. L'une des pièces lui servait de chambre et l'autre d'atelier. Dans celle qui servait d'atelier, l'odeur de térébenthine commençait à imprégner les murs. C'était une petite pièce éclairée par la lumière froide et neutre du nord aux murs blancs et
lisses. Il y avait un coffre en bois qui pouvait servir de banc, une table et une chaise, un évier qui se prolongeait par une petit plan de travail carrelé d'azuelos bleus où étaient posées une cafetière électrique, deux tasses renversées et un chevalet.
Avant de se mettre au travail, La Luppa s'asseyait souvent sur le coffre et regardait dehors par la fenêtre. Il laissait venir à lui les paysages qu'il allait peindre. C'étaient des paysages qu'il avait connus autrefois en Argentine. Des paysages de l'enfance qu'on emporte avec soi pour le restant de sa vie. Avant de se lancer dans ce travail, il avait passé des semaines à Londres à contempler les toiles de Turner et plus tard à Amsterdam pour s'imprégner de la lumière hollandaise. Il savait que la maladie avait pris possession de lui mais il savait aussi qu'il lui tiendrait la dragée haute. Face à elle, il y avait la peinture, l'envie de créer encore et toujours.
Mais soudain il y avait aussi un autre Luppa. Il y avait celui qui n'avait jamais osé se laisser aller, osé rater, osé revenir et rester à la sensation primitive, osé revenir à ce
qu'il l'avait prédestiné à être peintre : la beauté de la nature qui le prenait tous les matins quand il ouvrait les volets sur les grandioses étendues de la pampa. La lumière, cette lumière qui le consolait d'être resté seul avec son père, de ne plus entendre le rire et la voix de sa mère. Il était sûr que sa mère était quelque part pour toujours perdue dans cette lumière. Alors maintenant qu'il était au sommet, il lui fallait redescendre la pente et revenir au commencement. Le chemin n'était pas le même.
La Luppa ne pensait presque plus à Mameth, presque plus à son fils ni à sa fille bien que Chloé soit toujours proche de lui parce qu'elle rappelait son Argentine chérie, fantasque, immense et fragile. Lorsque Chloé était née, il n'avait plus été orphelin.
Personne ne savait dans quel nouveau travail il s'était engagé. Ni son agent, ni sa famille. Il n'y avait que quelques moines qui étaient au courant et il était convenu que les peintures ne sortiraient du couvent que lorsque La Luppa serait mort.

Maintenant quand La Luppa peignait, il oubliait qui il était vraiment. Il oubliait jusqu'à son nom et se demandait pourquoi il était reclus dans cet endroit étrange et silencieux, loin du monde. Il ne paniquait plus devant ce néant. Quand il arrêtait de peindre, peu à peu, sa conscience et son identité lui revenait. Il savait ce qu'il faisait et pourquoi il était là. Ces absences ne l'effrayait plus, d'autant qu'elles permettaient à son travail de s'ouvrir comme une fleur, de livrer tout son parfum, tout son talent qui lui semblait avoir été muselé pendant des siècles.
 

Le mariage de Chloé serait sa dernière sortie.
Ensuite il retournerait à la peinture pour toujours. La réclusion. C'était le prix à payer pour peindre ce qu'il n'avait jamais réussi à dire, ce qu'il avait tant cherché, tant essayé.
La Luppa regarda une dernière fois par la fenêtre avant de se mettre au travail. Comme tous les matins il fit un signe au chat qui était allongé dehors sur le muret du cloitre qui soutenait les colonnes de la promenade. Un grand chat tâcheté, presqu'un léopard, qui lui souriait.
Un chat extravagant qui venait manger les restes du couvent et disparaissait assez vite dès que La Luppa commençait à peindre
.



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