" MARIE BATAILLE auteur littérature jeunesse, livres pour enfants, presse, roman feuilleton: mars 2014

ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 54



Semaine 54

Sébastien avait été opéré d'une péritonite aigüe. Le chirurgien lui avait sauvé la vie de justesse. Trois jours après l'opération, lorsque la fièvre était descendue je m'étais caché dans une grange de la ferme et m'étais confortablement installé au premier étage sur un lit de foin séché. Je mangeais peu. Les oiseaux étaient futés et ce
n'était pas facile d'en choper un. Pareil pour les mulots. Ils se méfiaient des chats, étaient très prudents et extrêmement adroits. Je réussis quand même à en saisir un vieux, à la chair coriace et au goût prononcé. Je finissais de m'en baffrer quand Ronrono apparut.
- Bonsoir Lucien, tu es arrivé à temps pour que Sébastien puisse te voir avant de quitter la ferme. Tu sais, ça l'a sans doute sauvé. Aurait-il tenu jusqu'à son arrivée à l'hôpital? Une septicémie est vite arrivée sur un corps faible et un moral dans les chaussettes. Il t'a vu et paf, ça lui a redonné un coup de bonheur, de la force pour tenir bon.
- Tu crois ? Demandai-je
- Bien sur, Lucien. Alors il faut continuer. Il faut le soutenir dans sa course vers la vie. Ce soir nous irons le voir.
- Mais Ronrono comment veux tu rentrer dans un hôpital, te promener dans
les couloirs, trouver la chambre du petit et ouvrir la porte ?
- Je suis un Maitre Chat, Lucien. J'ai des pouvoirs. Je ne peux pas les utiliser à tout bout de champ mais quand il s'agit de sauver un enfant, je peux. Nous serons invisibles tant que nous ne l'aurons pas trouvé. A une condition...
- Laquelle ? Demandai-je.
- Que je te déchire une oreille... Je sais c'est cruel, mais il faut que j'avale un peu de
ton sang pour que toi aussi tu sois invisible. Je dois avoir bu un peu de sang de celui que je porte sur mon dos et alors celui que je porte devient invisible.
- Ben , si c'est obligé... dis je avec résignation. Je suis prêt Ronrono. Je suis toujours prêt quand tu me demandes quelque chose, tu le sais bien.
Ronrono s'approcha de moi. Il me parut aussi corpulent qu'un guépard et ça me glaça les sangs.
"Il va me bouffer tout entier" pensai-je, quand il ouvrit sa machoire. Je m'étais mis en boule face à lui, le tête droite et offerte. Mais avec une délicatesse infini, Ronrono sectionna le bout de mon oreille droite d'un coup sec indolore.
- Voilà qui est fait ! s'exclama-t-il.
- Je n'ai rien senti, maître.
- Allons-y, Lucien, nous n'avons que quelques heures devant nous.
Ronrono s'accroupit pour que je monte sur son dos et comme d'habitude, nous
sommes partis vers les étoiles. Le voyage ne dura pas plus de cinq minutes. On pénétra dans l'hôpital. Ronrono fureta un peu partout dans le hall d'entrée puis alla devant les ascenseurs. On entra dans la cabine en même temps qu'une infirmière qui n'allait pas au bon étage. On resta dans l'ascenseur jusqu'à ce que quelqu'un se rende à l'étage qui convenait à Ronrono. Ca prit pas mal de temps. Une fois dans le couloir,
Ronrono n'hésita pas. Il alla directement vers la chambre de Sébastien.
La porte était entrouverte comme celle des autres chambres. On était en pédiatrie. Nous sommes entrés dans la chambre et Ronrono me demanda de descendre de son dos. On s'assit au bout du lit et Ronrono me demanda de miauler doucement. Ce que je fis. Sébastien qui dormait ouvrit les yeux.
- Le Chat ! s'exclama-t-il en tendant les bras dont l'un était relié à une poche en suspension.
- C'est moi, dis je. Je t'avais promis de ne pas te laisser tomber, tu te souviens ?
- Bien sur, Le Cha!
Sébastien semblait ne pas voir Ronrono et moi je disais des choses qui me semblaient soufflées par quelqu'un.
- Voilà je suis venu pour que tu ailles mieux très vite et que tu retrouves confiance en toi et dans la vie même si tout ce qui t'es arrivé a été terrible. Mais maintenant que tu habites à la ferme je ne pourrai pas venir te voir comme autrefois. Alors je vais te confier la chose que j'ai de plus cher au monde : Mon fils.
- Tu as un fils, Le Cha?
- Oui. Il a quelques mois à peine et il aura besoin de toi quand tu reviendras à la ferme. Tu le trouveras dans la grange, à l'étage, sur un tas de foin. Tu l'entendras. Quand il sentira que tu es là, il couinera pour se faire repérer. Il faudra prendre soin de lui. Il faudra que tu sois costaud pour le protéger et le rassurer et en retour, il t'aimera
comme personne ne t'a jamais aimé.
- il est comment, ton fils, Le Chat ?
- Il est blanc, avec une tache noire sous le cou et il porte des chaussettes assorties à sa cravate, noires aussi.
- Et tu me le donnes ?
- Oui. Pour que tu ne sois plus jamais seul. Et si tu avais le moindre problème appelle moi.
- Comment je fais pour t'appeler ? T'as pas de portable, toi.
- Tu enfermeras mon fils dans une cage. C'est pas ce qui manque les cages à la ferme. Une fois enfermé, mon fils saura me joindre.
- Ok. Tu es venu pour m'annoncer tout ça.
- Oui.
- Et comment tu as fait pour me trouver et entrer et pas te faire prendre ?
- C'est grâce à moi... Miaula Ronrono.
Il venait d'apparaitre, immense, majestueux, protecteur. On ne pouvait que le croire.
- Je t'ai déjà vu dans la cave, murmura l'enfant stupéfait.
- Exactement. Je me montre peu. Seulement quand il faut. Les magiciens doivent rester énigmatiques n'est ce pas ?
- Oui, oui. Répondit le petit, subjugué.
- Voilà. Nous allons repartir maintenant. Nous sommes si heureux, Le Chatet moi, d'avoir pu t'aider un peu. Rendors toi bien vite...
- Le Chat va embrasser ton ami avant de partir ! Me demanda Ronrono.
Je vins me frotter contre la joue de Sébastien qui me caressa et s'écria :
- On t'a grignoté un bout d'oreille !
- Oui, une baston entre chats mal élevés.
- Allez, ouste, on file maintenant. Grimpe sur mon dos, Lucien. Demanda Ronrono.
L'enfant s'était rendormi et il se renversa sur le côté.
- Je n'ai pas d'enfant, Ronrono ! Dis je, quand nous fûmes dehors.
- Mais si Lucien, mais si. Tu ne sais pas tout.
Je n'osais rien demander. On monta dans le ciel, moi sur le dos de mon maître comme un oiseau sur le dos d'un éléphant.


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ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 53


Semaine 53

Onaké et Guillaume s'étaient quittés à Venise, huit jours après y être arrivés. Guillaume savait de façon évidente qu'Onaké était la femme de savie, celle qu'il épouserait s'il devait se marier. Mais il ne savait encore pas de façon certaine s'il se marierait un jour. Onaké avait été éblouie, séduite, emportée, conquise. Il serait son homme, le seul. Mais elle avait à terminer son oeuvre. Ils s'étaient rencontrés un peu trop tôt et le savaient. Ils s'étaient donc séparés le plus simplement du monde en attendant le moment qui les réunirait pour toujours. Ils avaient pris le même bateau-taxi qu'à leur arrivée pour rejoindre l'aéroport. Dans le petit matin pâle ils avaient regardé la lagune encore assombrie qui accueillait les oiseaux échassiers venus se nourrir en faisant disparaitre leur long bec dans la vase. Guillaume tenait
fermement Onaké par les épaules et il se laissait envahir par le parfum léger de ses cheveux et de son cou. Ce parfum serait quoiqu'il arrive toujours à part dans ses souvenirs. Onaké sentait l'emprise des doigts de Guillaume. Personne d'autre n'aurait autant de pouvoir. Ils savaient tous les deux qu'ils se reverraient mais il ne fixèrent aucune date.

Quand Onaké reconnut la cime des arbres au dessus du monastère, son coeur et ses sens retrouvèrent toute leur sérénité. Le monde civilisé restait derrière elle, à une cinquantaine de kilomètres à peine, mais de façon irrémédiable. Quand on sortait de Kyoto et qu'on quittait la route principale, un autre monde commençait. Un monde de lenteur, de silence et de recueillement. Le moine Kitashiba parlait peu. Au premier
coup d'oeil, il saisit le changement. Onaké ne souriait plus de la même façon et ses épaules s'étaient assouplies ainsi que sa démarche. Il fut heureux qu'Onaké ait rencontré l'amour.
Onaké travailla dur mais une fougue nouvelle irriguait son cerveau et le final de son oeuvre s'ouvrit sur des notes inattendues, des accords suaves et sourds comme des tambours funèbres. Quand elle se sentit prête, elle fit venir Kitashiba et Gio dans sa maison de bois. Elle les installa près de l'âtre et pendant une heure et demi elle fit sortir du piano un concerto sauvage et réfléchi, un liquide de notes désaltérantes et
lourdes comme la terre glaise. C'était la beauté de la Princesse Gio assise sur le banc de pierre, sa longue et interminable attente, les saisons qui passent, son indestructible amour, le froid, la neige et le gel qui la prirent et l'enveloppèrent dans un linceul de chagrin infini. C'était la vaine fureur du Prince, sa lâcheté et sa petitesse.

Le lendemain matin le moine Gio passa devant la maison d'Onaké. Il l'appela et lui conseilla de venir se baigner au lac. Il fallait qu'elle chasse la fatigue des derniers jours et qu'elle se ressource. Elle avait mis beaucoup de ses forces vitales dans les dernières partitions du concerto. Elle le suivit. Gio s'installa sur un rocher près de la
berge pendant qu'Onaké s'enfonçait dans l'eau du lac qu'elle trouva fraîche mais pas froide. Je les avais suivis. Je dorai ma fourrure sur un rocher pas loin de celui où Gio s'était assis. Je vis alors le moine se déshabiller et glisser dans l'eau, un roseau dans la bouche. Il disparut sous l'eau comme une anguille. Soudain je vis la tête d'Onaké
disparaitre à son tour de la surface de l'eau. Puis ressurgir en hurlant, puis disparaître de nouveau. Autrefois Gio avait sauvé Onaké de la noyade mais cette fois, je réalisais qu'il essayait de la noyer. De temps en temps je voyais le roseau de bambou percer la surface du lac et d'autrefois des remous désordonnés et inquiétants ridaient l'eau. Les
chats détestent l'eau. Moi je la haïssais. Celle là plus que n'importe quelle autre. Brune et sombre, lisse et lourde comme un crêpe de deuil. Mais j'étais le Petit Tigre d'Onaké. Son premier amour. Avant Guillaume que j'aimais aussi et qui l'aimait. Alors j'ai appelé de toutes mes forces le Maitre Ronrono. Je lui remis mon destin. Je lui ai demandé d'être indulgent et d'accepter que je sois moi aussi admis au royaume, dans la noble confréries des maitres chats, si les eaux de ce lac décidaient de me garder prisonnier.
Je finis par plonger. Je nageais comme une loutre jusqu'aux deux corps qui s'affrontaient. Je plantais mes griffes dans le dos de Gio qui voulut se retourner et lâcha la taille d'Onaké qui remonta à la surface. Je lacérai la chair du moine par derrière pour qu'il ne puisse pas me saisir. Je voulais qu'Onaké ai le temps de nager assez loin de lui. Gio tentait malgré tout de retrouver Onaké et puis soudain, il arrêta de la poursuivre. Il resta immobile. Je me détachais de son dos qui saignait
abondamment. Gio se retourna violemment et me regarda en souriant. Il me dit en miaulant comme un chat : "Nous l'aimons tous à la folie, n'est ce pas ?"
Puis il sombra. Je réussis à remonter à la surface et vis Onaké assise sur un rocher, le visage caché dans ses mains. Elle ne me vit même pas revenir. C'est quand elle sentit mon poil mouillé et gluant sur ses jambes qu'elle ouvrit ses mains et me découvrit en piteux état.
- Petit Tigre, mon Petit Tigre !... C'est toi qui m'a sauvé ?.. Mais oui c'est toi, c'est toi ! Mon Dieu, mon Dieu ! Hurlait-elle en tremblant de la tête aux pieds. Rentrons vite avant de mourir de froid. Elle me serra dans ses bras et détala en courant sans se rhabiller.


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ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 52



Semaine 52

Pendant huit cent kilomètres je suis resté tranquille, enfermé dans ma cageotte en osier sur une serviette de toilette qui sentait bon. On s'est arrêté trois fois. Roger sortait la cageotte et l'ouvrait en me tenant la tête sans doute pour que je ne saute pas comme un bouchon de champagne de ma tutte. C'est pas l'envie de me dégourdir les pattes qui me manquait mais dès que je faisais mine de trop sortir le nez, Mameth
se mettait à hurler qu'on allait me perdre. Finalement Roger tira de sa poche un mouchoir en tissu et de la ficelle. Avec le mouchoir, il me fabriqua un collier et avec la ficelle, une laisse qu'il laissa se dérouler.
- Allez, Lucien, va faire des galipettes dit-il gentiment
- Roger vous êtes inconscient mon pauvre ami ! Se borna à grommeler Mameth.
Mais moi, de prendre l'air et de bouger, ça me ravissait le poil. Roger me donna à boire et quelques croquettes. Roger était vraiment un chic type.Le type parfait pour supporter et aider Mameth à devenir meilleure.

Quand on arriva à Mallorca, le soir était bien rouge et la nuit n'allait pas tarder à tomber. En passant dans le village en direction de la maison de Mameth, un peu avant, Mameth pointa son doigt sur la droite en désignant une petite ferme coquette.
- Chez ma soeur. Se contenta-t-elle de dire. On ira diner tout à l'heure.
Ensuite juste après elle indiqua de hautes grilles noires.
- Voilà, c'est là. Ursule a ouvert le portail, elle savait que je venais. Je lui ai téléphoné.
Roger freina sèchement, ralentit, rétrograda et passa la grille. Il poussa un sifflement d'admiration.
- Ben dites donc, Mameth, en voilà une chouette baraque ! Vous aimeriez pas mieux vivre ici que dans votre appart parisien ?
- Ca dépend des jours mon pauvre Roger. Les choses sont pas si simples. Vous ne me connaissez pas.
Roger sentit qu'il avait outrepassé ses droits. Mais ça faisait huit cent bornes qu'il n'avait rien dit qui puisse fâcher Mameth, alors l'erreur était permise. D'ailleurs Mameth ne sembla trop irritée. Elle sortit de la voiture, un trousseau de clés à la main. Roger comprit qu'il devait s'occuper des bagages. Mameth rentra, alluma les lumières de la cuisine et du salon, puis retira les draps qu'Ursule posait sur les meubles du
salon.
- C'est pas croyable ça ! Je le lui dis chaque fois ! Rien sur les meubles, ça fait mortuaire ! Eh ben non ! Chaque fois elle recommence ! Elle est têtue comme une mule !
Roger écoutait Mameth se plaindre, une valise au bout de chaque bras.
- C'est pénible, Roger, les gens qui ne veulent pas entendre, très pénible. On va monter les valises dans les chambres. Venez.
- Qu'est ce qu'on fait de Lucien ? Demanda Roger. Vaut peut-être mieux l'enfermer dans une chambre, non ?
- Je l'avais oublié celui là ! Mon Dieu mais bien sur... Montez son panier dans ma chambre.
Mameth alluma toutes les lumières. La maison brillait comme un palais en fête.
- Entrez, entrez donc ! insista Mameth quand Roger se pointa avec moi, devant sa chambre.
- Madame Mameth mais c'est magnifique ! C'est toute ma jeunesse, ici.
Roger s'essuya le front avec le mouchoir qui m'avait servi de collier.
- Je retrouve presque le même odeur qu'à Saïgon. La même odeur. Si j'avais su qu'en vous accompagnant j'allais découvrir ça ! Roger se tapotait le front avec le mouchoir et ce geste énerva Mameth.
- Découvrir quoi ?... Vous connaissez Saïgon ?
- Un peu que je connais. Les plus belles années de ma vie. Les plus terribles aussi. Enfin des années qui vous marquent pour la vie. Qui font que vous êtes sûrs que vous n'avez pas vécu pour rien. Roger parlait d'une voix presque aphone.
Mameth le regarda. Elle sentait venir un fou-rire incontrôlable. Elle le laissa venir et se mit à rire jusqu'aux larmes. Roger n'y faisait pas attention. Il n'avait toujours
pas posé ma cageotte. Soudain Mameth hocqueta et dit comme une femme ivre qui se reprend :
- Excusez moi, Roger. Moi aussi quand j'arrive ici, quelque chose de plus fort que moi m'étreint, m'émeut et ça me rend conne parfois. Ici, c'est la maison de mes parents. Ma mère est née à Saïgon. Ses parents étaient planteurs d'hévéas au nord de Saïgon.
Ce sont ses meubles. On va aller dîner chez ma soeur. Ursule nous attend. C'est une excellente cuisinière.
Mameth attrapa la panière et l'ouvrit. Je fus prudent avant de bondir à l'extérieur. Ensuite je me mis à renifler autour de moi.
- Je ne pense pas que Lucien fasse des bêtises pendant notre absence. Dit Mameth.
Elle ajouta.
- Roger, apportez lui un bol d'eau et quelques croquettes, s'il vous plait.
Roger descendit à la cuisine. Il n'en revenait pas. La vie jouait de ses tours incroyables! Comment aurait-il pu imaginer qu'entre lui et Mameth, il y avait ce Vietnam qu'il avait tant, tant aimé.


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