Chapitre
28
Une
nuit que je dormais je ne sais plus où ni chez qui, Ronrono Chapati
arriva près de moi. Les murs autour de nous tombèrent comme des
châteaux de cartes, laissant le ciel et les étoiles envahir tout
l'espace. Soudain nous étions dans l'espace, noir, silencieux,
immense, la ville en pointillé lumineux au dessous de nous. Ronrono
me demanda de le suivre sur le fil invisible qui nous servait de
route et nous empêchait de tomber.
-
Ca fait longtemps que nous ne nous étions pas vu, Lucien, dit
Ronrono tout en continuant d'avancer, sans se retourner...
-
Comment ça va ?
-
Je vais bien Ronrono, je vais bien.
-
Comment va le petit de la cave ?
-
Nous avons fait connaissance et je crois que maintenant il n'a plus
peur de moi... Drôles de gens qui vivent au dessus de cette cave...
-
Oui. Un jour, il te faudra leur donner une leçon, une bonne leçon...
-
Une leçon de quoi, Ronrono ?
-
Une leçon. Tu comprendras plus tard.
-
Sais tu où nous allons Ronrono ?
-
Oui nous retournons chez moi, en Inde, près de Calcutta.
La
route fut longue, sans manger ni boire, d'étoile en étoile, dans la
ouate de la voie lactée. Ronrono ne parlait pas beaucoup sans doute
pour s'économiser. Quand le ciel perdit de sa noirceur, Ronrono se
retourna et m'annonça que nous touchions au but.
On
entra dans une luxueuse villa. Le jour se levait à peine et déjà
un jardinier ratissait le tapis vert de la pelouse tondue à ras,
pendant qu'une femme en sari nettoyait la véranda. Une autre arriva
en portant des plateaux de vaisselle pour le petit déjeuner et
dressa la table. Elle disposa sur une nappe blanche deux couverts et
deux tasses de porcelaine finement décorées, un bouquet de fleurs
et deux serviettes brodées.
-
Nous voilà enfin chez moi, Lucien.
-
C'est somptueux, Ronrono ! Pourquoi n'y restes tu pas tranquillement
installé. Pourquoi courir le monde à t'occuper de chat comme moi ?
-
Parce que ce qui compte, ce n'est d'où nous venouns mais qui nous
sommes et la communauté des chats a besoin de passeurs comme moi. -
Un jour à ton tour, tu le deviendras, Lucien. Tu seras le passeur
d'une autre vie que la tienne et tu verras que c'est bien plus
intéréssant que de se prélasser sur des coussins de soie.
On
partit à la cuisine et une domestique nous servit de l'eau et des
restes de viandes de poulet. Ensuite on retourna sous la véranda
somnoler.
Un
homme élégant en costume trois pièces et délicatement parfumé
arriva et s'installa. Il alla vers le canapé où nous nous étions
allongés.
-
Mon cher Ronrono ! Te revoilà ! Qui est cet olibrius de petite
envergure ?
Ronrono
se leva et s'étira. C'est vrai, à côté de moi, on aurait presque
dit un léopard.
- Ta taille et ta présence m'étonneront toujours.
Ronrono se laissa caresser. Une femme entra. Elle était jeune et portait une magnifique couronne de cheveux courts bouclés et roux. Elle s'exclama radieuse :
Ronrono se laissa caresser. Une femme entra. Elle était jeune et portait une magnifique couronne de cheveux courts bouclés et roux. Elle s'exclama radieuse :
-
Revoilà Ronrono ! Quel bonheur !
-
Il n'est pas seul, Chloé, regarde, il est venu avec un ami.
Chloé,
s'approcha de nous, caressa Ronrono et dit en me passant la main
entre les oreilles :
-
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression de le connaître.
Moi, je la connaissais très bien même si je ne l'avais jamais vu. C'était la fille de Mameth. La jeune femme qui avait signé mon destin.
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