Photo Claude Degoutte |
Nom d'un chien
Ce
matin la vie est douce à la terrasse du café. Soleil printanier,
circulation fluide sur le boulevard. Temps idéal pour mater les
Médors du quartier. A Paris, dans le 14ème, les chiens sont
terriblement "frenchys". Pas très grands, mais coquets,
alertes, intelligents, comiques, aimants, bref parisiens.
Je
me délecte en regardant Berny. Il est amoureux fou de sa maîtresse
et n'arrive pas à se résigner de rester seul avec son maître.
Quelle horreur de la voir soudain traverser et disparaître. Berny
tire sur la laisse. Il ose, lui, lui montrer combien il ne peut pas
vivre sans elle. Un jour, pour elle, il deviendra bandit des rues et
finira aussi mal que Mesrine. Il s'échappera, traversera et pour
finir se fera buter par un type en moto qui n'aura pas le temps de
freiner et se cassera les reins. Ca leur servira de leçon à tous!
Espèrons
que Jonas n'assiste jamais à pareil carnage. Il est en pleine crise
de retour d'âge et déprime. Il voudrait tellement ne plus sortir du
salon, ne plus voir de congénères jeunes et heureux, ne plus être
obligé d'être retenu par une laisse Vuitton, ne plus aller acheter
le journal, ne plus s'allonger sous la table de la brasserie la
Rotonde, ne plus pisser, ne plus être chien. Il s'assoit et me
regarde en se demandant si moi je comprends tout ça. Parce qu'elle,
sa maîtresse, qui rentre bronzée d'un treakking au Boutan, ne
comprend pas. Il aimerait pouvoir demander le divorce.
Lilou,
heureusement, voit la vie autrement. Elle passe au salon se faire
coiffer deux fois par semaine, elle mange un super pâté vitaminé
qui lui fiche une humeur pétante. Elle est douce et caressante avec
tout le monde, tous les humains autour d'elle sentent délicieusement
bon, le Guerlain , le vison ou le diamant. Elle aime la ville, les
taxis, les grands magasins, les salons de thé, les salons de beauté
et les agences de voyage. Pour tout ça, elle peut se retenir de
pisser toute une journée.
Lilou
n'a rien à partager avec Gypsie qui rêve de campagne et de Marlou,
de tracteur et de crottin. Elle marche devant sans laisse, un vieux
bandana jaune noué en guise de collier et si un flic rappelle à
l'ordre son maître Jean François, elle n'hésitera pas à aboyer et
à montrer les crocs. C'est déjà arrivé. Et Jean-François
toujours fauché a dû emprunter 120 euros pour payer la dernière
amende.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire