Photo Claude Degoutte |
En campagne.
Pendant que les candidats pour la présidentielle s'étripaient,
gesticulaient, se pavanaient et refaisaient le monde sous l'oeil
gourmand des médias qui n'en laissaient pas tomber une miette, la voix
chaude, vibrante, si sensuelle et masculine de Jean Ferrat résonnait
dans mon coeur, comme du temps de mon père... Que la montagne est
belle!..
Pourtant il pleuvait des cordes aux confins de
la Garonne et de l'Ariège! Un printemps pourri dans cette vallée où je
suis née, qui serpente et va buter contre les premières pentes boisées
des Pyrénées. Là, malgré les machines à laver, les home cinémas, les
4x4, les voyages tuto includo, les lotos géants, l'ours, l'autoroute,
les ralentisseurs, les Intermarchés, les ronds-points aménagés, les
Conforamas, Internet et la TNT, le prix du pétrole qui flambe et autres
calamités modernes indispensables, les paysages et ses quelques habitants, loin des villes,
continuent de regarder passer les septennats et les quinquennats comme
autrefois les vaches, un train... Avec étonnement toujours,
incompréhension parfois, lassitude souvent et intérêt à chaque fois...
La
route bordée de catalpas centenaires, la grange éventrée couverte de
glycine , le clocher derrière l'ilot de
peupliers, le chien qui dort sur la ligne jaune, le tracteur bouffi qui
traine une remorque en prenant son temps et ses aises, l'épicerie-tabac
plus glaciale qu'un frigo, les 2 poulets plus bio que bio qui picorent
au milieu d'un champ, la 4L Renault beige dont on se demande comment
elle a pu ressortir vivante du contrôle technique, toutes ces choses se
disent que oui, bien sûr, les bulletins vont dans les urnes, les députés
montent à Paris avec le sénateur, le TGV et les avions transportent des
ronds de cuir régionaux et des attaché-cases remplis de dossiers, oui
bien sur, mais tant que tout ça ne fait pas plus de bruit que le vent
dans les feuilles des arbres, que Paris est toujours Paris, là bas, très
loin, à 800 bornes, tant que la montagne est belle et à la même place,
tant qu'elle est rousse en Automne et verte au printemps, on se dit, en
faisant
avancer la brouette à grands pas crottés, eh bien ma foi, que gauche,
extrême gauche, droite, extrême droite, centre, extrême centre,
vert, extrême vert, ici on se débrouillera toujours.
On se dit que tant que la montagne est belle
il faut en profiter, aimer et respecter son prochain et croire à la beauté des
choses... Sauf, à la rigueur, quand on a un verre de pastis de trop dans
le nez!
Toutes les chroniques "Lundi Ravioli" sont sur
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