Photo Claude Degoutte |
Comme au Vietnam
Quand je suis revenue du Vietnam, dans les années 1999, Ho Chi Minh City m'a manqué longtemps comme un amour perdu. Alors, comme on respire le parfum d'une écharpe, j'allais faire un tour avenue de Choisy, dans le 13ème, parce que ça ressemblait terriblement à l' ex rue Catinat qui descendait de la place du Théâtre vers les quais de la rivière Saigon. Surtout l'été, les jours de canicule moite.
Quand je suis revenue du Vietnam, dans les années 1999, Ho Chi Minh City m'a manqué longtemps comme un amour perdu. Alors, comme on respire le parfum d'une écharpe, j'allais faire un tour avenue de Choisy, dans le 13ème, parce que ça ressemblait terriblement à l' ex rue Catinat qui descendait de la place du Théâtre vers les quais de la rivière Saigon. Surtout l'été, les jours de canicule moite.
C'était un coin de Paris où
ça sentait la coriandre mêlée au jus de cuisson d'une soupe au porc
émincé, le coco parfumé de citronnelle, le jacquier, la papaye et le
durian. J'y trouvais presque les mêmes boutiques un peu vieillotes, les
trottoirs usés, les entrées de parking sur la rue comme les obscurs
garages à vélos et à motos derrière le Majestic, les temples cachés
rouges et or, Tang et Paris Store qui ressemblaient à des marchés
couverts regorgeant de fioles, de cartons, d'herbes, de poissons et de
viandes. Tout ça me donnait l'illusion de ne pas avoir perdu
complètement le goût et la chair de mes jours et de mes nuits passés
dans ce pays enveloppé de mousson et de chaleur.
Avant de rejoindre le
quartier de Plaisance où j'habitais, je déjeunais chez Lao Tan, pour
déguster les gélatines multicolores dans un grand verre de coco frais.
Je rêvassais et je me souvenais de mes escapades à vélo quand je partais
lire la presse internationale à la Bibliothèque de l'Alliance
Française, grande pièce tapissée de bois foncé, aux plafonds hauts, d'où
pendaient des ventilateurs qui brassaient lentement la moiteur de
l'air. La cuisine de chez Lao me rappelait aussi les restaurants autour
du marché Binh Tan et les cantines en bordure de trottoirs, la douceur
et la gentillesse d'un peuple qui pouvait être aussi terriblement
sévère.
Aujourd'hui, je retourne toujours avenue de Choisy mais je pense à Saigon comme on se souvient de l' amour impossible dont on a réussi à guérir. J'y retourne en sachant tout ce qui a été perdu et tout ce qui a été accompli. Mon coeur ne bat plus aussi fort et je ne cède plus depuis longtemps à l'illusion de la ressemblance.
Les jours où je me sens un peu plus conquérante que d'habitude, je rêve de repartir, de retourner à Ho Chi Minh ville et de m'y perdre à nouveau. De revivre dans ce qui est forcément devenu une autre ville, Une ville nouvelle hérissée de tours et shopping centers que je ne reconnaitrai plus, mais qui m'appartiendra toujours. Comme l'exil éternel appartient à celui qui a aimé et s'en est allé.
Aujourd'hui, je retourne toujours avenue de Choisy mais je pense à Saigon comme on se souvient de l' amour impossible dont on a réussi à guérir. J'y retourne en sachant tout ce qui a été perdu et tout ce qui a été accompli. Mon coeur ne bat plus aussi fort et je ne cède plus depuis longtemps à l'illusion de la ressemblance.
Les jours où je me sens un peu plus conquérante que d'habitude, je rêve de repartir, de retourner à Ho Chi Minh ville et de m'y perdre à nouveau. De revivre dans ce qui est forcément devenu une autre ville, Une ville nouvelle hérissée de tours et shopping centers que je ne reconnaitrai plus, mais qui m'appartiendra toujours. Comme l'exil éternel appartient à celui qui a aimé et s'en est allé.
Marie Bataille
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire