" MARIE BATAILLE auteur littérature jeunesse, livres pour enfants, presse, roman feuilleton: ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 39

ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 39


Semaine 39

J'ai passé des nuits entières dans la cave mais la porte en haut de l'escalier ne s'ouvrit plus une seule fois pendant longtemps. Le petit lit en fer et son matelas souillé restait vide. Je me disais que c'était tant mieux. Que le gosse n'était plus puni. Et puis je pensais aussi que peut-être il existait d'autres punitions, dans la maison. Et là, je
ne pouvais rien faire. Je ne pouvais pas me montrer. C'est ce que m'avait dit Ronrono Chapati, mon maître.
Maintenant que j'étais seul, je m'installais sur le lit pour faire un somme, roulé en boule. Je ne dormais que d'un oeil. Je me demandais si ça valait le coup de continuer de venir dormir ici. Je préférais largement passer la nuit dans des cabanes de jardin, sous des tas de bois ou des appentis.
Cette cave sentait le malheur et la souffrance, ça puait une odeur d'humain sordide qui pénétrait les narines. Plusieurs fois dans mes rêves j'avais appelé Ronrono mais il ne s'était pas manifesté. Je fus ravi de voir enfin passer son ombre devant le soupirail. Il se glissa entre les barreaux de fer, s'appuya sur le mur de meulière avec ses longues pattes avant et se retrouva sur le sol de la cave. On aurait ditun fauve sortit de la jungle.
- Oh mon maître ! M'exclamai-je. Enfin vous voilà ! Comme je suis heureux de vous voir. Ici la situation stagne, l'enfant reste dans la maison et vous m'avez interdit de m'y montre ! Je désespère dans ce sous-sol puant.
- Je te comprends, Lucien, mais je suis venu te demander de ne pas abandonner ta mission. Le gosse va revenir et je te le répète, il n'y a que toi qui peut le sauver.
- Mais comment, Ronrono ?
- Je n'en sais rien, Lucien. Si on t'a donné plusieurs vies, il te faut les mériter, mon brave. Je suis là pour te guider mais certainement pas pour te donner les solutions.
- Bien Ronrono, dis-je en me lissant les moustaches, gêné de mettre montré sans volonté. Je vais trouver. Je vais trouver...
- Bien sûr Lucien que tu vas trouver. Tu es un de mes meilleurs éléments.
- C'est vrai Ronrono?
- C'est vrai Lucien. Tu es celui que je viens voir peu souvent parce que tu es digne des vies qu'on t'a confié. La plupart du temps, tu es un excellent chat et les humains t'apprécient. Tu remplis autant leurs viesqu'ils remplissent la tienne !... Sur ces compliments, je vais me sauver, j'ai de la route à faire cette nuit, du ciel à parcourir. Je
suis juste passé te redonner un peu de courage. Au revoir, Lucien. A la prochaine.
- Au revoir, maître Ronrono Chapati. Pensez à moi de temps en temps.
- Je pense très souvent à toi, Lucien. Très souvent. Tu es mon élève préféré.
Ronrono Chapati sauta entre les grilles du soupirail et dehors, dans le jardin, son ombre s'estompa presqu'aussitôt. Je me remis en boule comme pour contenir au creux de mon ventre le bonheur que m'avait procuré sa visite. L'idée que Ronrono pense du bien de moi me remplissait de bonheur. Pour le satisfaire, j'aurais passé la moitié de ma vie dans cette cave. Je m'endormis profondément. Quand je me suis réveillé le jour passait par le soupirail et la clarté m'indiquait qu'il était bien plus tard que l'aube. J'allais déguerpir vite fait quand la porte en haut de l'escalier s'ouvrit. La voix de la femme articula d'un ton sévère :
- Tu as intérêt à te tenir à carreaux et à bien respecter ce que ton père et moi on t'a expliqué. En tous cas, tu la boucles jusqu'à ce qu'on vienne te chercher.
- J'ai compris, répondit Sébastien de sa voix docile.
- Eh ben, tant mieux pour toi.
La porte se referma d'un coup sec et on donna un tour de clé. Sébastien descendit lentement en se tenant à la rampe. Je redressais la tête et il me vit tout de suite. Il se pressa vers moi en murmurant et en tendant les bras :
- Le Chat, mon ami, mon petit ami, tu es là? Comme tu m'as manqué. J'ai cru que je ne te reverrai plus et ça me faisait encore plus mal que les coups.
Sébastien me serra dans ses bras. Il n'avait jamais osé avant. Je me mis à ronronner le plus fort que je pouvais pour lui dire combien moi aussi je l'aimais.



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