" MARIE BATAILLE auteur littérature jeunesse, livres pour enfants, presse, roman feuilleton: ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 48

ROMAN FEUILLETON / la merveilleuse histoire de Ronrono Chapati / semaine 48


Semaine 48

Depuis que Roger s'était installé dans la chambre de bonne perchée au huitième étage de l'immeuble, ma vie et celle de Mameth avait beaucoup changé.
D'abord Roger avait été invité à venir prendre le petit déjeuner et tous les matins il arrivait rasé de près, en jean et en sweat, ses cheveux gris bouclés un peu en bataille. Il avait pris le temps de passer à la boulangerie et d'apporter une baguette de pain frais et le journal Le Parisien. Mameth ne l'avait pas remercié mais lui avait conseillé de garder le peu d'argent qu'il avait.
- Ici, il y a des biscottes, et le journal c'est pas indispensable. J'ai un "gratuit" quand je prends le métro.
Roger s'était contenté de répondre qu'il lui devait bien ça. Il ne se bilait pas des ruades de Mameth. Dès qu'elle avait le dos tourné, il prenait énormément soin de moi. Il remplissait ma gamelle de croquettes et changeait l'eau de mon bol. Puis il me parlait de son chien, tragiquement mort sous les yeux de Mameth et les siens. Il disait qu'il
fallait vénérer sa mémoire un peu chaque jour. Je me disais que si je mourrais, Mameth ne se donnerai pas tant de mal.
Il avait été convenu qu'après le petit déjeuner, quand Mameth quittait l'appartement
et elle avait tout le temps la bougeotte, Roger pouvait disposer de la salle de bain. Avant de donner cette permission, Mameth avait testé les qualités de Roger. Il débarrassait la table, ramassait les miettes, rangeait la vaisselle dans le lave-vaisselle, rinçait la théière et rangeait le reste de pain dans la corbeille. Une vraie petite fée du
logis. Mameth s'était dit qu'il valait mieux que Roger sente bon et sa chambre ne disposait que d'un lavabo d'eau froide. Un matin, elle lui avait donc proposé d'utiliser sa douche. Elle était à peu près sûre de retrouver l'endroit encore plus nickel qu'elle le lui avait laissé.
Ensuite Roger avait été convié au repas du soir quand Mameth était seule. Et puis un jour, Roger fut convié au repas d'amis. Roger s'entendit à merveille avec Jean Poitevin, le copain homo de Mameth qui habitait Fronton. Il s'avéra que Roger était aussi originaire du Sud Ouest. C'était une franche amitié, Roger ne semblant pas très porté sur le sexe. Il n'était pas plus attiré par Nicole Burette, la prof, qui l'agaçait plutôt. Elle se plaignait trop souvent. Et puis il sentait bienque Mameth, bien qu'elle le traitât comme la cinquième roue du carosse,ne supporterait pas qu'il s'intéresse à Nicole. Bientôt, Roger était dans l'appartement comme chez lui, autorisé à aller et venir comme bon lui semblait. Il avait un trousseau de clés et rendait des tas de menus
services. Mameth lui laissait souvent la liste des courses et un billet de vingt euros, elle lui demandait de faire une machine de linge sale ou de passer récupérer des vêtements chez le teinturier. Il servait d'homme à tout faire mais loin de l'offenser, Roger portait Mameth au pinacle. Elle lui avait évité le pire : la rue, la déchéance. Il devait se montrer à la hauteur. Et puis il aimait la forme de générosité de
Mameth. Instinctive mais certainement pas pavée de bonnes intentions.
Unsoir de repas en tête à tête, Mameth demanda à Roger s'il avait le permis de conduire. Il répondit que oui. Mameth lui proposa, si ça le tentait, de l'accompagner dans le Sud voir sa soeur et faire quelques travaux dans la maison de famille qu'elle possédait à Mallorca, un village perdu au fond d'une vallée près de la frontière espagnole. Roger n'eut pas l'air surpris. Il trouvait tout à fait normal de prendre de
plus en plus de place dans la vie de Mameth puisque depuis le début, il
ne cherchait qu'à lui plaire.
- Ca me ferait très plaisir, Madame Mameth.
- Je vous l'ai dit cent fois, appelez moi, Mameth.
- J'ai du mal, Madame Mameth.
Il fallait bien que Roger ait des défauts.
Cettefois on ne me laissa pas seul dans l'appartement à attendre que Nicole Burette ou quelqu'un d'autre vienne me nourrir. Roger proposa de m'amener.
Mameth dit que ça allait perturber le voyage déjà long et ennuyeux mais Roger insista. Il s'occuperait de tout. Mameth céda.
On partit un mardi matin plein de soleil et je me sentis heureux comme je ne l'avais pas été depuis bien longtemps.



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